PORTRAIT D'AGENT

«J’ai eu un parcours un peu chaotique, raconte-t-il en souriant. Après le Covid, j’ai suivi une formation BNSSA, le premier jalon pour devenir maître-nageur sauveteur. » De stages en saisons, entre campings et spas, il découvre peu à peu sa vocation : transmettre. « Un jour, des enfants m’ont demandé comment nager… et je me suis rendu compte que je ne savais pas vraiment comment l’expliquer. C’est là que je me suis dit : il faut faire quelque chose. » Diplôme en poche, il se lance dans l’aventure Aqua’Moselle : « C’est une mission purement pédagogique. Ici, on apprend à nager aux scolaires : quatre heures par semaine, cinq groupes d’élèves, avec des objectifs clairs : immersion, flottaison, aisance aquatique. »

ADAPTER CHAQUE GESTE, CHAQUE MOT

Derrière la méthode, Hervé témoigne sur tout d’une grande capaci té d’adaptation. « Les enfants ne sont pas tous les mêmes. Certains ont peur, d’autres n’écoutent pas, d’autres encore ne parlent pas français. Il faut capter leur attention, jouer, inventer, créer du lien. » Une approche qu’il a affinée lors des séances estivales au Centre Départemental de l’Enfance de Plappeville : « J’y ai travaillé avec des enfants trisomiques, autistes ou muets. Ce n’est jamais gagné d’avance, mais quand on trouve le bon exercice ou le bon mot, tout change. » Un jour, un petit garçon mutique jusqu’alors s’est soudain mis à parler dans l’eau, après quelques séances de jeux partagés : « J’ai trouvé ça incroyablement émouvant. Ce sont des moments qui donnent tout leur sens à ce métier », raconte-t-il encore ému.

LA RIGUEUR DU GESTE ET LA PRÉVENTION AVANT TOUT

Sa journée commence tôt, bien avant que les enfants arrivent : vérification du bassin, contrôle de l’eau, sécurité, hygiène… « Dans un petit bassin, tout compte. La prévention, c’est autant l’attention portée aux enfants que le contrôle du pH ! » Sur le plan pédagogique, la vigilance est constante : « Un enfant se noie quand il essaie de se mettre debout. Il faut leur apprendre à flotter, à sentir leur corps. Tant qu’ils n’ont pas compris ça, on reste à côté. » Grâce au fond relevable du bassin, il peut adapter la profondeur selon le groupe et l’exercice : un atout précieux pour la sécurité et la progression.

PATIENCE, ÉCOUTE ET ANTICIPATION

Pour Hervé, les qualités essentielles d’un bon maître-nageur sont avant tout humaines : patience, sens de l’observation, remise en question. « Chaque séance est différente. Il faut savoir se dire : qu’est-ce que j’ai loupé ? Qu’est-ce que je peux faire de mieux ? » Et de conclure, en forme de maxime professionnelle : « Un bon maître-nageur, c’est quelqu’un qui n’attend pas que le problème arrive : il va au-devant du public. »